très bon état de conservation ; légèrement échancré à l’orifice inférieur du canal.
Iconography
Iconographie
Légende métrique sur 5 lignes
Metrical legend of 5 lines
῾Ο ἅγιος Θεόδωρος. / Σκέποις Μιχαὴλ μάγιστρον στρατηλάτην.
St Theodore. / May you protect Michael, magistros, stratelates.
Saint Théodore. / Puisses-tu protéger Michel, magistre, stratèlatès.
Équivalent grec de la haute fonction de magister militum, le titre de stratèlate devint honorifique au cours du VIIe siècle [1]. Le terme réapparut pour désigner les membres d’un nouveau tagma central, créé sous Jean Tzimiskès, ainsi que son chef [2]. À l’instar des autres tagmata, les stratèlatai se dédoublèrent rapidement en régiments d’Occident et d’Orient [3]. Le tagma disparaît des sources littéraires après le règne de Romain IV, lorsqu’il subit une cuisante défaite devant Hiérapolis face aux forces de l’émir d’Alep [4].
Étant donné sa haute dignité, le possesseur de ce sceau en aura sans doute été l’un des derniers chefs. Il est fort probable qu’il ait été le successeur ou le prédécesseur d’Hervé le Francopoule, dont le sceau porte la légende Ἑρβεβίῳ μαγίστρῳ βέστῃ καὶ στρατηλάτῃ τῆς Ἀνατολῆς τῷ Φραγγοπώλῳ, sans doute peu après 1057 [5]. On daterait donc idéalement notre bulle des années 1057-1068. Toutefois, un curieux sceau récemment publié par W. Seibt indique que l’unité survécut à sa défaite devant Hiérapolis et repassa peu après sous le commandement du général normand, sans doute après Mantzikert [6]. On ne peut donc tout à fait exclure que notre Michel ait exercé son commandement dans les années 1070. Le style du sceau plaide toutefois pour une datation plus haute entre 1057 et 1071.
Proposer une identification précise est bien entendu délicat. Toutefois, on connaît le sceau d’un Michel Bourtzès qui exerça la fonction de stratèlatès avec les dignités d’anthypatos et patrice. En 1056, déjà promu vestarque, il demanda en vain à Michel VI l’accès au magistrat, ce qui le précipita dans la rébellion aux côtés d’Isaac Comnène. Un second sceau, qui le présente comme stratège des Anatoliques, atteste qu’il obtint satisfaction sous le vainqueur [7]. Notre bulle refléterait au mieux un stade intermédiaire de sa carrière, au cours duquel il aurait été promu tout en conservant le commandement des stratèlates. Dans cette hypothèse, il aurait pu le transmettre à Hervé lorsqu’il assuma le commandement des Anatoliques.
La présence de saint Théodore au droit pose toutefois problème puisque les bulles de Michel Bourtzès présentent normalement saint Michel. Néanmoins, l’iconographie des sceaux des Bourtzès, très diversifiée, semble présenter trois phases. Les bulles des premiers membres connus de la famille présentent la croix ou saint Démétrius. Puis on trouve simultanément saint Michel sur les sceaux des trois membres actifs au milieu du xie siècle : Michel, Samuel [8] et David Bourtzès [9]. Enfin, dans la seconde moitié du xie siècle, l’archistratège disparaît, tandis qu’à l’inverse saint Théodore fait son apparition au droit des bulles de la famille, dont il était jusqu’alors absent [10]. On remarquera donc que la famille fait le choix de saint Michel à l’époque où ce saint fédère les membres de la puissante faction du patriarche Cérulaire, laquelle porta Isaac Comnène au pouvoir [11]. Il se pourrait donc que le choix de Michel Bourtzès n’ait pas reflété une dévotion personnelle et qu’il ait opté pour saint Théodore après la chute de l’ambitieux patriarche, ce qui conviendrait au mieux avec la date proposée pour notre sceau et correspond à l’orientation de la famille dans la seconde moitié du siècle [12].
[1].
[2].
[3]. Ce qui amène à placer ce sceau dans la section dédiée à l’administration provinciale, même
s’il s’agit officiellement d’un corps de l’armée centrale. W. Seibt a également exprimé l’idée que le titre
de stratèlate aurait pu être porté simultanément par plusieurs officiers au sein de l’état-major d’une
armée en campagne :
[4].
[5].
[6].
[7]. Voir
[8]. Pour le choix de saint Michel pour les sceaux des Bourtzès, on signalera qu’au droit du second
sceau de Samuel Bourtzès (
[9].
[10]. Voir topotèrètès Théodore Bourtzès);
[11]. Pour l’impact du développement de cette faction sur l’iconographie des sceaux de l’aristocratie
au milieu du XIe siècle, voir
[12]. Le sceau de stratège des Anatoliques est malheureusement aniconique et ne permet donc pas de trancher. Enfin, on pourrait ajouter avec prudence un argument en quelque sorte a silentio, en rappelant qu’aucun des autres grands généraux prénommés Michel bien attestés pour une époque proche (Iasitès, Sarônitès, Kontostephanos, voire Maurix) ne font usage de saint Théodore.