Etat de conservation correct ; frappe non centrée ; rogné sur le pourtour.
Iconographie. Traces d’une légende circulaire
Iconography. Vestiges of a circular legend
Legend of 6 lines
Légende sur 6 lignes
Ὁ ἄγιος Νικόλαος. ...βοήθει τῷ σῷ δούλῳ / +Πανκράτιος πρωτοσπαθάριος καὶ στρατηγὸς Ατακᾶτζ ὁ Βουλκασιότης.
St Nicholas. ... aid your servant / Pankratios Boulkasiotes, protospatharios and strategos of At‘akh (?).
Saint Nicolas. ... aide ton serviteur / Pancrace Boulkasiotès, protospathaire et stratège d'At‘akh (?).
La forme Πανκράτιος est bien attestée sur d’autres bulles contemporaines [1]. On pourrait hésiter avec Pakourianos mais l’élément droit de la troisième lettre semble bien un trait vertical continu [2]; de plus, la lettre suivante ne pourrait pas être une ligature en fer à cheval telle qu’attestée sur la cinquième ligne du revers.
Le patronyme ne fait guère de doute. Il est très probablement construit sur un prénom arabe du type Abul’ X. Évidemment, par comparaison aves les Apokapès (de Abu Hafs) on attendrait spontanément Ἀπολκασιότης, mais la transformation vers Βουλ est tout à fait acceptable, étant bien attestée notamment dans les deux versions grecques de la chronique arabo-sicilienne dite de Cambridge, qui nomment l’émir Abul’ Hassan Βουλχάσεν [3] et Abul’ Abbas Βουλαμβές [4].
Les choses se corsent avec l’identification du commandement de notre stratège. La terminaison en -atz évoque une forme arménienne de génitif/datif/ablatif utilisée pour désigner des lieux ou des familles [5]. Si l’on admet que l’antépénultième lettre de la quatrième ligne est un quelque peu déformé et non un [6], on envisagera d’établir un lien avec la forteresse de Sophanène/Haute-Mésopotamie d’al-Hattāh, en arménien At‘akh. Sis à une vingtaine de kilomètres au nord de Mayafariqin, les lieux sont déjà fortifiés à la fin de l’Antiquité comme l’atteste la mention par Georges de Chypre du κάστρον Ἀτταχᾶς κλίματος Ἀρζανικῆς [7]. Ce dernier terme pourrait être à rapprocher du canton de l’Archamounik‘, où une source arménienne place précisément At‘akh [8], bien que l’on situe généralement la forteresse dans l’achkharh d’Aghdzenik‘, gawar de Mayafiriqin [9].
Avant la reconquête byzantine du xe-début du xie siècle, la place avait relevé des Bagratides du Tarôn et contrôlait une petite section du piémont méridional du Taurus à l’aplomb de la plaine mésopotamienne, au nord de Mayafariqin. Sans doute confiée en son temps à Grigor magistros, la zone est au xie siècle au coeur d’un territoire de peuplement arménien [10], amenant l’installation du catholikos Barsegh en 1106. Elle fut intégrée à l’éphémère État de Philarète Brachamios [11] avant de passer sous le contrôle des potentats arméniens de Sasoun, auxquels l’arrachèrent les émirs artuqides [12]. La place présente donc tout à fait le profil d’un chef-lieu de petit thème en Orient, mais l’identification doit demeurer hypothétique.
[1]. Voir le commentaire au sceau SigiDoc ID 40 ;
[2]. Cela permet d’écarter aussi le très rare Pazouni.
[3].
[4].
[5]. Type Grigor Narekatsi pour Grégoire de Narek. Nous remercions Théo van Lint des informations fournies sur ce point.
[6]. De fait, dans sa section inférieure le κ de fin de cinquième ligne est plus proche de notre lettre que le β de la même ligne, dont la panse rejoint la hampe gauche plus bas.
[7].
[8].
[9].
[10].
[11].
[12].