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Sceau d'Andrea Michiel, protonobélissime impérial
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SigiDoc ID: 26

Artéfact

Type d'objet
Sceau
Disposition d'ensemble
Iconographie et légende
Matrice
SigiDoc ID: 24

Description physique

Type d'empreinte
Empreinte originale
Matériau
Plomb
Dimensions (mm)
Diam. 21
Poids (g)
Axe (cadran)
Orient. de la surfrappe (cadran)
Sans objet
Orient. du canal (cadran)
Exécution
Frappé
Contremarque
Aucun(e)
Épigraphie
Le P de début de quatrième ligne est doté d’un appendice horizontal qui marque l’abréviation. Ce signe est distinct du  de troisième ligne. Les deux signes se retrouvent sur la matrice presque identique et certainement produite simultanément (suite à une promotion intervenue au même moment ?) de Vitale Marcello [1]. La perle visible au centre de la troisième ligne, légèrement plus bas que le niveau de la ligne, n’appartient peut-être pas à la légende. Les flans vierges présentent fréquemment une sorte de petit bouton en leur centre et il est possible qu’une frappe trop faible ne l’ait pas oblitéré. Deux éléments plaident toutefois à l’encontre de cette hypothèse. Tout d’abord, on aperçoit un second bouton, moins distinct, juste au-dessus à gauche, qui a plus de chances d’être l’ombilic du flanc. Ensuite, la même perle est visible sur la pièce parallèle Klimanov [2]. Sur la dernière ligne, le O est un peu excentré et il semble possible de voir les restes d’une autre lettre à gauche, semblable à un Π. Le décentrage s’explique sans doute par le souci d’aligner la dernière lettre avec la première, l’initiale A, bien à l’aplomb du O. Le Π est sans doute une chimère ou l’indice d’une première frappe sous-jacente.
Forme
Ronde
Conservation
Flan rogné sur le pourtour, en particulier dans la moitié supérieure ; bon état de conservation

Datation

Date
XIe s., fin - XIIe s., deux premières décennies
Date explicite
Aucun(e)
Critères de datation
prosopographie, titulature, épigraphie, parallel
Date alternative

Historique

Catégorie
Sceaux de dignitaires
Émetteur
Andrea Michiel
Milieu de l'émetteur
Aristocratie laïque
Lieu d'émission
Lieu de découverte
Date de découverte
Circonstances de découverte
Localisation actuelle
Italie
Institution et département
Collection et inventaire
Collection Sopracasa 6
Acquisition

Artemide Aste (San Marino), Vente 22E, 25 Avril 2013, lot 407

Localisations précédentes
Observations modernes

Champ - Avers

Conception du champ

Iconographie

Dimensions du champ
Matrice
Sans objet
Iconographie
Buste de saint Jean Chrysostome nimbé, barbu et de face, portant un phélonion et omophorion décoré ; le saint bénit de la main droite et tient de la gauche l’Évangile ; de part et d’autre de l’effigie, inscription en deux colonnes
Décoration
Bordure linéaire partiellement conservée

Champ - Revers

Conception du champ

Légende sur 6 lignes

Dimensions du champ
Matrice
Sans objet
Iconographie
Décoration
Bordure linéaire en partie conservée

Texte

Langue(s)
Grec byzantin
Édition(s)
Sopracasa, Prigent, coll. Sopracasa, 2017, 26, p. 732-735.
Commentaire sur le(s) édition(s)
Aucun(e)
Parallèle(s)
Klimanov, 1999, 33, p. 235-236.
Commentaire sur le(s) parallèle(s)
Aucun(e)

Images

Reproduction numérique de l'avers (2015)
Reproduction numérique du revers (2015)

Édition

Interprétative

obv
a S(anctus) I(ohannes) Chrus b sostomos
rev

1 + A(ndreas)
2 Michael
3 imp(er)ial(is)
4 p(ro)tonobi-
5lissim-
6o

Diplomatique

obv
aS|̅ I|̅CH|RV |S b SO|STO|MO|S
rev
1
2MICHEL
3IMIL
4PTONOBI
5LISSIM
6O

Apparat

1:  : dans son édition de la pièce parallèle, Klimanov donne une solution erronée du , interprété comme « adjuva ». Si l’on en croit le dessin donné dans Schlumberger, 1884, 6, p. 549-550, la pièce éditée par Klimanov est distincte de celle de la collection Schlumberger, mais les notes de Likhačev identifient bien les deux sceaux.

Légende et Traduction

Sanctus Iohannes Chrussostomos. / +Andreas Michael imperialis protonobilissimo.

Saint Jean Chrysostome. / Andrea Michiel, protonobélissime impérial.

Commentaire

Ce sceau fait partie du groupe restreint des plus anciens sceaux vénitiens de style byzantin à présent connus.

L’iconographie de saint Jean Chrysostome s’explique par le fait que la famille Michiel possédait des biens dans cette paroisse de la ville de Venise [3], une hypothèse confirmée par la bulle d’un représentant d’une autre famille de ce quartier, Giacomo Baseggio, qui arbore également une effigie de saint Jean Chrysostome [4].

Le titre de protonobélissime, ancienne épithète impériale devenue l’apanage des membres de la famille impériale avant d’être offert aux plus hauts dignitaires de l’Empire au xie siècle, subit de plein fouet la fameuse « dévaluation » des dignités bien étudiée par Jean-Claude Cheynet, qui mit en lumière son lien à la dévaluation monétaire [5]. L’attribution de titres auliques byzantins aux doges de Venise est un fait bien connu [6], mais dans un certain nombre de cas, qui semblent avoir été numériquement plutôt limités [7], des titres étaient donnés également à de simples citoyens. Le protonobélissimat honora ainsi au XIIe siècle plusieurs Italiens, et notamment des Vénitiens [8]. L’ajout de l’épithète « imperialis » à ce titre est contraire aux usages byzantins mais typique de l’Italie [9].

Le personnage ainsi titré sur notre bulle, Andrea Michiel [10], est connu par ailleurs. Il est mentionné dans le testament rédigé en 1119 par un homonyme [11], ambassadeur auprès du roi de Hongrie, qui le mentionne comme son nepos : volo ut predicta uxor mea recipiat libras denariorum ducentas quadraginta ab Andrea Michaele et imperiali protonobilissimo nepoti meo in ista prima ventura festivitate Sancti Petri, sicut ille iamdictus Andreas michi obligatus est dare [12].

Le titre de protonobélissime pourrait se justifier par l’appartenance de notre Andrea à la branche ducale de la famille [13]. En effet, tant Vitale Ier Michiel (1096-1102) que Domenico Michiel (1118-1130) furent élus doges avant la date du testament. Pendant le règne d’Alexis Ier, la dignité de protonobélissime était la plus élevée de celles ouvertes aux fonctionnaires ne faisant pas partie de la famille impériale [14] et l’on pourrait envisager que l’octroi du titre de protosébaste au doge se soit accompagné de collations de dignités à ses proches, peut-être même de façon indirecte, à la façon de ce qui advint sous Michel VII avec Robert Guiscard [15]. Cela contribuerait également à expliquer la production manifestement simultanée du sceau presque identique de Vitale Marcello, également protonobélissime [16].

Contrairement à ce qu’avait envisagé Vivien Prigent, le recours à une légende au datif ne serait pas nécessairement une imitation des usages grecs, puisque les documents vénitiens sont susceptibles d’utiliser protonobellissimo même au nominatif [17].

Notes

[1]. Saint-Guillain, Prigent, 2017, 3, p. 579-583.

[2]. Il demeure possible que les deux pièces aient été faiblement frappées mais le beau relief n’incite pas à se rallier à cette position. On ne peut que regretter que le sceau de Vitale Marcello soit percé en cet endroit et ne permette pas de comparaison sur ce point.

[3]. Falkenhausen, 2013, p. 830.

[4]. Voir Saint-Guillain, Prigent, 2017, p. 607-612.

[5]. Cheynet, 1983.

[6]. Ravegnani, 1992.

[7]. Falkenhausen, 2013, p. 825.

[8]. Mentions réunies dans Falkenhausen, 2013, p. 827-830 et plus généralement Martin, 2010.

[9]. Prigent, 2012, p. 623.

[10]. Prigent, 2012, p. 625.

[11]. Un Andrea Michiel, peut-être à identifier avec l’Andrea Michiel testateur (oncle ou grand-père du propriétaire du sceau), a été ambassadeur auprès d’Alexis Ier en 1084, comme le relate la chronique d’Andrea Dandolo : Qui [= le doge Vitale Falier], augusti ortacione, Andream Michaelem, Dominicum Dandulo et Iacobum Aurio legatos Constantinopolim missit, ut iurisdiciones Dalmacie et Choracie [sic], sibi ab incolis traditas, optineret, quam constantinopolitano imperio pertinere noverat (Andrea Dandolo, Chronica, 1938, p. 217). La date de cette ambassade est sujette à caution, voir Saint-Guillain, Prigent, 2017, p. 586-587.

[12]. Pozza, 1983, p. 230. Le latin nepos peut être interprété à la fois comme neveu et comme petit-fils : le fait que les deux personnes aient eu le même prénom ferait plutôt penser à un petit-fils qui aurait hérité du prénom du grand-père, usage très répandu à Venise comme à Byzance, mais on ne peut pas en avoir la certitude.

[13]. Voir Pozza, 1983, p. 228, n. 20.

[14]. Cheynet, 1983, p. 473-475.

[15]. Bibicou, 1959.

[16]. Stepanova, 2001, 9, p. 62, identifié dans Prigent, 2012, p. 625.

[17]. Prigent, 2012, p. 622. Erreur corrigée dans Saint-Guillain, Prigent, 2017, p. 580 et n. 98.